OGM, trois lettres pour désigner un Organisme Génétiquement Modifié. Ce terme englobe évidemment plantes, animaux et humains. Une première chose à faire est de prendre conscience de cela, on entend par organisme, un être vivant.
Une fois ce préambule fait, nous parlerons d'OGM en tant que plantes, comme souvent dans le langage courant, car les débats actuels portent essentiellement sur les plantes génétiquement modifiées. Enjeu de société majeur car c'est encore jusqu'à preuve du contraire par les plantes que se nourrissent, nous autres les humains.
L'obtention d'un OGM est relativement simple, il s'agit d'injecter dans une plante, un gène extérieur à celle-ci, le transgène. Gène qui peut provenir d'une bactérie, d'un homme, d'un poisson, d'une poule, bref d'un autre organisme vivant. En passant les détails techniques, ce gène pénètre à l'intérieur des cellules de la plante et en modifie ainsi certaines caractéristiques. Nous parlons dès lors d'un Organisme Génétiquement Modifié.
Les partisans d'une telle technique, qui sont d'ailleurs le plus souvent ceux qui en bénéficient financièrement, avancent des vertus prometteuses. Tolérance aux pesticides ou production d'insecticide par la plante, ces nouvelles caractéristiques intrinsèques de la plante augmenteraient significativement le rendement des cultures. Avec ce nouveau type d'organisme vivant, l'agriculture se trouverait soudainement orpheline de ses ancestraux problèmes de parasites ou de maladies diverses... nous dit-on !
La réalité est bien différente, imaginons pour comprendre, une plante transgénique de grande culture tolérante à un herbicide et produisant un insecticide. Dès lors plusieurs phénomènes viennent enrayer les promesses des firmes agroalimentaires comme Monsanto. On constate dans ces champs de culture d'OGM une fécondation de mauvaises herbes (adventices) de la même famille. Dans ce cas, les gènes provenant de la plante OGM donnent à l'hybride qui en résulte un caractère de tolérance à l'herbicide censé la détruire. Aux États-unis, une adventice tolérante, la pesse, supporte jusqu'à six fois la dose habituelle de pesticides sans en être affectée. Échec total... on continue. La plante génétiquement modifiée produit un insecticide censé repousser des insectes parasites mais loin du fonctionnement prévu, les insectes mutent et deviennent résistant à l'insecticide avec une rapidité foudroyante. Ces constats notoires pour les spécialistes mais qui, par manque d'informations et de transparence, ne sont guère connus du grand publique, masquent les premiers effets néfastes des plantes OGM qui nécessitent une utilisation accrue de produits chimiques pour leurs cultures. La pollution des sols et des eaux n'est donc pas terminée, loin de là.
Un autre phénomène important remet en cause le bien fondé de l'innocuité des plantes génétiquement modifiées, il s'agît de la contamination du milieu naturel par les transgènes des plantes. Le pollen émis par les plantes transformées peut féconder les plantes voisines et leur transmettre les nouveaux gènes ; le génome des bactéries du sol où se trouve la plante peut être modifié par les parties d'ADN non dégradés du transgène ; les graines des plantes OGM qui tombent au sol ou sont transportées (par le vent, les animaux ou les humains) peuvent germer plus ou moins loin du champ d'origine, contaminant ainsi des cultures de plantes non modifiées. Pour l'exemple du colza, on estime à 10% la quantité de graines perdues lors d'une récolte, celles-ci tombent dans les champs, le long des routes ou voies ferrées et forment des repousses qui subsistent pendant plusieurs années. Tous ses vecteurs de contamination importants ne permettent pas de garantir un confinement total des plantes modifiées, qui serait pourtant nécessaire pour garantir une coexistence avec des cultures non OGM.
Une coexistence à moyen ou long terme n'est simplement pas envisageable. Accepter ou pas les OGM revient à se poser la question de savoir si nous sommes prêts à renoncer à toute autre forme d'agriculture, sans possibilité de revenir en arrière.
L'illusion d'une augmentation importante des rendements, entretenue par l'industrie de l'agroalimentaire, se révèle plus que douteuse en considérant les différents problèmes cités précédemment. Les rares chiffres, encore une fois, inconnus de la majorité, vont dans ce sens. Des études font état d'une baisse moyenne de 6% en productivité pour le soja qui représente la moitié des cultures OGM au monde. En France, d'après le rapport 2001 du Commissariat général du Plan, les gains de rendements sont assez conjoncturels, même parfois négatifs, et se manifestent que si la situation de référence est fortement perturbée (attaque forte d'insectes, mauvais contrôle des mauvaises herbes). Les quelques chiffres disponibles, dont aucun ne confirme une augmentation importante des rendements des cultures OGM, fusillent l'argumentation pseudo-humanitaire utilisée par les firmes des semenciers pour leur promotion. Éradiquer la faim dans le monde ne passera donc pas par la culture massive d'OGM mais certainement par des choix politiques (l'humanité produit actuellement une quantité de nourriture plus importante que celle dont elle aurait besoin pour nourrir tout le monde).
Outre les divers problèmes sanitaires avérés, l'arrivée des OGM dans nos champs est significative de l'idéologie marchande actuelle de notre monde. Les possibilités financières offertes par les OGM constituent une question centrale dont on ne parle hélas pas beaucoup. Il s'avèrerait, économiquement parlant, très intéressant pour les multinationales de l'agroalimentaire, que les cultures OGM gagnent en importance, ce qu'elles font du reste pour l'instant. Est-ce complètement déjanté de penser qu'une firme telle que Monsanto n'a pas pour vocation première de fabriquer des semences ou des produits de traitement, mais de générer du profit pour ces actionnaires, et que le moyens qu'elle utilise à cette fin est de vendre des semences et produits de traitement ?
Pour affirmer qu'il s'agît bien d'une braderie sur le vivant, parlons de la différence fondamentale entre la vente d'une semence OGM et d'une semence hybride (non OGM). La commercialisation d'un hybride mise au point par une firme est le plus souvent protégé par un Certificat d'Obtention Végétale (COV). Celui-ci donne au créateur l'exclusivité de la commercialisation mais cette création peut être utilisée par une autre personne comme base de création d'une nouvelle variété. Avec les OGM, la situation est différente, nous entrons dans le domaine des brevets. Cela permet de protéger une construction génétique obtenue par transgénèse comme s'il s'agissait d'une invention. A partir de la, le fonctionnement est similaire à celui de la vente d'un logiciel informatique sous copyright. On demande à l'agriculteur de signer un contrat de licence qui le lie juridiquement au fabricant. Le contrat Monsanto relatif au colza « Roundup Ready », oblige l'agriculteur à n'effectuer qu'un seul semis, à ne pas conserver de grain produit à partir des semences de colza « Roundup Ready » et surtout, il interdit la récolte des repousses spontanées. Ce dernier point signifie clairement que l'agriculteur – qui techniquement ne pourra jamais distinguer les repousses de colza génétiquement modifiées des pousses nouvellement sorties de terre – se voit ainsi placé dans l'impossibilité de revenir à du colza non OGM sur la même parcelles, sous peine d'être condamné en justice. Cette situation n'est-elle pas cynique et révoltante ?
Pour être un peu plus complet, il reste à mentionner l'invention il y a quelques années par Monsanto d'une plante programmée au suicide si elle est replantée, les graines étant rendues stériles par transgène. Cette technologie nommée « contrôle de l'expression des gènes » est plus communément appelé Terminator. Ce principe commençait à se développer mais le scandale provoquer dans l'opinion publique obligea la firme à faire marche arrière. Malheureusement très temporairement.
La technologie GURTS (Genetical Use Restriction Technologies) produit la même effet que Terminator mais de façon plus « habile ». Appelée « Traitor » (traître), cette méthode rend la plante provisoirement stérile par manipulation génétique, mais elle peut retrouver sa fécondité grâce à la pulvérisation d'un produit chimique, forcément vendu par Monsanto.
Les industriels justifient cette perversité par le fait de pouvoir vendre des variétés high-tech en Afrique, en Asie et en Amérique Latine en toute sécurité économique. Ils ont dévoilé là le but premier des OGM pour eux, créer un marché totalement captif, où l'agriculteur serait contraint tous les ans de racheter ses graines et ses herbicides à la firme agrochimique. Terminator et Traitor rentrent parfaitement dans la législation actuelle sur les brevets, nous brevetons à présent le vivant.
Le moratoire de l'union européenne sur la question des OGM vient de prendre fin en 2005. Plus nous attendrons, plus il sera difficile de stopper cette mainmise sur le vivant de quelques uns sans scrupule. La braderie est ouverte.